Peut-on aller au paradis avec des tatouages ?

Beaucoup de gens se demandent si avoir des tatouages contredit leur foi. C'est une question controversée car cela dépend grandement de la religion que vous pratiquez et de votre interprétation de celle-ci.

Pendant des siècles, les tatouages ont été liés à la spiritualité et à la religiosité des premières cultures. Les premiers tatouages représentaient des sorts, des figures totémiques, des ancêtres et d'autres symboles religieux. Ces tatouages ont été conservés dans le cadre de la tradition des religions polythéistes . Au sein des religions monothéistes , ils étaient considérés comme des symboles païens et, par conséquent, pécheurs. Comment les différentes religions voient-elles les tatouages ?

judaïsme

Le judaïsme est la première des religions monothéistes à se consolider. Dans la tradition juive, les tatouages sont interprétés de différentes manières. Dans les temps anciens, c'était interdit parce que c'était considéré comme de l'idolâtrie. Lévitique 19:28, une partie de la Torah et de l'ancien testament biblique, dit : “ Et tu ne feras pas d'égratignures sur ta chair pour un homme mort, et tu n'imprimeras sur toi aucun signe : Je suis Jéhovah.

L'interprétation de ce fragment du Lévitique est complexe. Aujourd'hui encore, certains rabbins considèrent qu'il ne se réfère qu'à la symbolique païenne et d'autres à n'importe quel tatouage. De nombreux rabbins s'accordent à dire que les juifs tatoués ne doivent pas être exclus des cimetières juifs, et si c'est un péché, ce ne serait pas aussi grave que ceux qui contredisent les dix commandements.

La diaspora juive s'est dispersée dans toute l'Europe et la Méditerranée au Moyen Âge et à l'époque moderne. Au cours de ces siècles, les Juifs ont acquis de nombreuses traditions locales. Dans certaines régions d'Allemagne, de Pologne, du sud de l'Ukraine et du nord des Balkans, les Juifs se sont tatoués à plusieurs reprises avec des symboles et des phrases de la Torah.

Christianisme

La perception critique primitive et médiévale des tatouages est similaire à celle du judaïsme. Le fondement des livres de l'Ancien Testament dans la tradition hébraïque fait qu'il a les mêmes références aux tatouages. Malgré cela, dans le Nouveau Testament, il n'y a aucune allusion aux marques sur la peau.

Lors de la chute de l'Empire romain d'Occident et du Moyen Âge, les chrétiens ont associé les tatouages aux peuples païens, c'est pourquoi ils ont été diabolisés. Ce n'est qu'avec les voyages de l'époque moderne que les chrétiens ont redécouvert les tatouages comme éléments à la mode chez les marins, les soldats et les explorateurs. Partout où ils allaient, ils se tatouaient en souvenir.

C'est déjà au XXe siècle que les tatouages ont commencé à être largement utilisés par les criminels, et c'est alors que la société les a perçus comme quelque chose de négatif. La contre-culture la reprendra au cours des années 1960, et des opinions diverses se créeront dans les différentes confessions du christianisme.

Au sein de l'Église catholique, il n'y a pas de consensus clair sur les tatouages. Certains prêtres et théologiens le considèrent comme un élément à la mode qui n'est pas du tout un péché, d'autres pensent qu'il est correct s'il ne représente pas de personnages liés au diable et d'autres s'opposent aux tatouages. Le seul consensus est que le corps est un don de Dieu et, par conséquent, nous devons en prendre soin, donc si un tatouage est fait, il doit être dans de bonnes conditions d'hygiène. De nombreux catholiques, en particulier en Amérique latine et aux Philippines, se font tatouer des personnages religieux tels que des images de Jésus-Christ ou des saints pour montrer leur dévotion.

Les Églises orthodoxes grecque et russe ont été moins rigoureuses avec les tatouages, bien qu'elles fassent une mise en garde concernant les tatouages représentant des figures démoniaques et des symboles criminels.

Les églises protestantes et réformées sont peut-être les confessions chrétiennes les plus diverses. Plusieurs secteurs conservateurs sont contre les tatouages, tandis que les plus libéraux n'y font pas de références négatives. Les calvinistes et les anglicans ont une longue tradition de tatouages qui remonte à l'époque où les Anglais et les Néerlandais ont exploré le monde, y compris des dévots anglicans tels que Winston Churchill et le roi George V du Royaume-Uni. Quant aux mormons, ils considèrent le tatouage comme un péché seulement s'il a été fait après la conversion à la religion.

Islam

Pour de nombreux musulmans, les tatouages permanents sont haram (interdits) sur la base des hadiths (traditions orales) du prophète Mahomet. "Il a été rapporté qu'Abu Juhayfah (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit : 'Le Prophète (paix et bénédictions d'Allah sur lui) a maudit celui qui se tatoue et celui qui se fait tatouer.'" Cette interdiction est prise au sérieux par les plus musulmans conservateurs. Dans le même temps, les branches les plus libérales de l'islam, comme les soufis, considèrent que cette interdiction ne devrait concerner que les images d'idoles ou de personnes.

Dans de nombreuses régions à majorité musulmane, le tatouage est une tradition ancienne. Dans la péninsule arabique, il était courant pour les femmes mariées de se tatouer le menton, le front, le contour des yeux, les mains et les pieds. Cette tradition s'est poursuivie dans de nombreux endroits. Les hommes ont également tatoué des calligraphies et des symboles liés à leur religion, bien que le plus souvent sur des zones du corps couvertes de vêtements.

Si vous effectuez une recherche sur Internet, vous trouverez de nombreux musulmans tatoués et des symboles allégoriques de la religion. En effet, toutes les écoles islamiques n'interprètent pas le tatouage de la même manière. C'est pourquoi si vous êtes musulman et que vous souhaitez vous faire tatouer, il est recommandé de consulter un érudit islamique ou un clerc de votre école religieuse.

Religions orientales

Dans les religions orientales, les tatouages sont bien considérés et fortement liés aux traditions culturelles. Dans l'hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme et le shintoïsme, les tatouages sont considérés comme un moyen de démontrer votre foi ou votre relation culturelle.

Dans les plus anciennes archives académiques asiatiques en Chine et en Inde, nous constatons que divers personnages sont mentionnés avec des tatouages qui leur confèrent des pouvoirs. La plupart d'entre eux étaient des symboles calligraphiques ou des animaux. Au fil du temps, la noblesse, les marchands, les religieux et les guerriers ont commencé à se tatouer pour commémorer quelque chose ou demander protection.

À ce stade, il est nécessaire de préciser que dans les religions orientales, la conception de la vie après la mort diffère des religions abrahamiques. Les pratiquants des religions orientales ne croient pas qu'il y ait un début et une fin, comme le ciel. Leur perspective de la vie après la mort considère un cycle cosmique éternel de réincarnations basé sur le karma.

Plus de trois millénaires de tradition de l'art corporel ont transformé le tatouage asiatique en véritables œuvres d'art. De nos jours, les tatouages orientaux ne sont pas seulement à des fins traditionnelles et religieuses; beaucoup de gens les font pour la mode.